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zone restreinte 01a - Epidémiologie de l’HTA et des complications cardiovasculaires

Mise à jour : 9 septembre 2024 - Mise en ligne : 3 juillet 2025, par Thierry HANNEDOUCHE
 
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L’épidémiologie de l’hypertension artérielle est très dépendante de sa définition, c’est-à-dire des seuils arbitraires qui sont choisis pour transformer une variable continue (la pression artérielle) en une maladie dichotomique (normotendu vs? hypertendu). Avec l’évolution des recommandations, notamment celles de l’ESC? 2024, une attention particulière est portée sur l’importance de la mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA?) et de l’automesure tensionnelle (AMT?) pour affiner le diagnostic et éviter les surdiagnostics liés à l’effet blouse blanche. Une autre difficulté est liée à la variabilité de la pression artérielle qui rend compte de l’imprécision des études réalisées sur une seule mesure de PA?, a fortiori si les conditions de mesure ne sont pas standardisées. L’importance de la standardisation des mesures, comme recommandé dans les dernières directives, est cruciale pour améliorer la fiabilité des données épidémiologiques.

1. Prévalence et incidence de l’hypertension artérielle en France

En 2023, près de 17 millions de Français adultes sont hypertendus, représentant environ 30% de la population adulte, avec une proportion légèrement plus élevée chez les hommes (36,5%) que chez les femmes (25,2%) [BEH 2023]. La prévalence de l’hypertension a globalement stagné depuis les années 2000, mais on observe une tendance à l’augmentation chez les jeunes adultes (18-24 ans). Cette stabilité globale cache cependant des différences selon l’âge, avec une augmentation chez les jeunes femmes (18-24 ans) et les femmes plus âgées (57-64 ans).

En 2015, le coût des dépenses de médicaments pour la prise en charge de l’hypertension et des facteurs de risque cardiovasculaire était de 5,6 milliards d’euros par an, dont 2,8 milliards pour les seuls antihypertenseurs (440 euros par an et par patient traité en moyenne). En médecine ambulatoire, une consultation sur 5 est en rapport avec la prise en charge de l’HTA.

Évolution de l’épidémiologie de l’hypertension en France entre 2004 et 2023

Les résultats des études récentes, telles que l’enquête ESTEBAN (2015) et les données du Baromètre de Santé publique France (2019), montrent que 30,6 % des Français âgés de 15-74 ans sont hypertendus. L’étude a révélé que seule 55% des personnes hypertendues étaient conscientes de leur état, un chiffre significativement inférieur à celui observé dans d’autres pays européens tels que l’Allemagne (82%) et le Royaume-Uni (71%) [BEH 2023].

Les données de la cohorte CONSTANCES de 2019 confirment ces chiffres avec une prévalence d’environ 30% des sujets hypertendus, comparable aux chiffres observés en Allemagne (32%) et aux États-Unis (34%).

Quant aux autres facteurs de risque cardiovasculaire, en 10 ans, ils ont sensiblement évolué mais de manière contrastée suivant le sexe. Le niveau d’activité physique a progressé chez les hommes quand il a singulièrement régressé chez les femmes. De son côté, l’indice de masse corporelle (IMC) a significativement augmenté chez les femmes mais n’a pas évolué chez les hommes. Le tabagisme a reculé dans les deux sexes.

Figure 1 : Prévalence de l’hypertension en France - Enquête ESTEBAN 2015

2. Prévalence et incidence de l’hypertension artérielle dans le monde

La prévalence rapportée de l’hypertension est fortement dépendante des critères utilisés pour la classification, des méthodes appliquées en pratique et enfin de la population examinée. Les récentes recommandations de l’ESC 2024 insistent sur l’importance de l’utilisation de la mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) et de l’automesure tensionnelle (AMT) pour une évaluation plus précise de l’hypertension, évitant ainsi les biais de surdiagnostic souvent associés aux mesures en cabinet médical.

Les enquêtes de prévalence dans différents pays montrent une association similaire entre l’âge et la pression artérielle. Sans exception notable, la pression artérielle systolique augmente progressivement avec l’âge, avec une différence moyenne de 20 à 30 mmHg entre le début et la fin de l’âge adulte. En revanche, la pression artérielle diastolique augmente de manière moins marquée et tend à se stabiliser voire à diminuer après la cinquième décennie. Ce profil épidémiologique aboutit à une augmentation progressive de la prévalence de l’hypertension artérielle et une prédominance de l’élévation systolique avec l’âge.

Figure 2 : Évolution des PA systoliques et diastoliques en fonction de l’âge et du sexe dans 3 cohortes Nord-Américaines

Données Globales de Prévalence

Le Consortium NCD-Risc a récemment mis à jour les données concernant l’hypertension dans le monde. Les données proviennent de plus de 1200 populations représentatives, regroupant 104 millions de participants de 184 pays (Lancet 2021). Les données sont évolutives au fil des années et disponibles sur leur site (ncdrisc.org). L’hypertension a été définie comme une PA systolique > 140 mmHg ou une PA diastolique > 90 mmHg ou la prise d’un traitement anti-hypertenseur. Toutefois, l’ESC 2024 recommande d’adopter des seuils plus bas pour certaines populations à risque élevé, tels que les patients diabétiques, pour un meilleur contrôle des complications cardiovasculaires.

Dans cette étude, le nombre de personnes hypertendues dans le monde en 2019 était supérieur à 1 milliard, et ce nombre a doublé depuis 1990. En 2019, la prévalence de l’hypertension chez les adultes âgés de 30 à 79 ans était de 32 % chez les femmes et de 34 % chez les hommes, ce qui est très similaire aux niveaux de 1990, à savoir 32 % chez les femmes et 32 % chez les hommes. Cependant, cette prévalence stable est trompeuse car elle représente la somme nette de différences distinctes à travers le monde. L’analyse met en évidence les différences marquées en matière de prévalence, de traitement et de contrôle de l’hypertension, certaines régions connaissant des augmentations substantielles au fil du temps et d’autres des diminutions importantes de la prévalence.

Par exemple, on retrouve des baisses de la prévalence de l’hypertension de plus de 12 points de pourcentage chez les femmes en Allemagne, en Espagne et au Japon, et chez les hommes en Allemagne, en Suisse, au Royaume-Uni, en Finlande et au Canada ; des taux inchangés dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire ; et de fortes augmentations de la prévalence de l’hypertension chez les femmes à Kiribati, Tonga, Tuvalu et en Indonésie et chez les hommes en Ouzbékistan, en Argentine et au Paraguay.

Figure 3 : Prévalence de l’hypertension chez les hommes dans les pays du monde (panneau du haut) et variations de prévalence entre 1990 et 2019 (panneau du bas) Lancet 2019

Figure 4 : Prévalence de l’hypertension chez les femmes dans les pays du monde (panneau du haut) et variations de prévalence entre 1990 et 2019 (panneau du bas) Lancet 2019

Rôle des covariations dans les facteurs de risque

La distribution géographique de la prévalence de l’hypertension artérielle est fortement tributaire des variations globales des facteurs de risque, modulées par le niveau de développement économique et des facteurs spécifiques locaux. L’alimentation riche en graisses en Finlande et en Russie, par exemple, pourrait être responsable de la prévalence exceptionnellement élevée de l’HTA dans ces pays. Les sujets noirs partagent l’excès de risque associé au statut socio-économique défavorisé dans des nations industrialisées et sont exposés à des stress psychosociaux particuliers. En raison de ces facteurs multiples et intriqués, il est souvent difficile d’identifier une prédisposition génétique dans ces groupes d’individus. L’ESC 2024 souligne l’importance de prendre en compte ces facteurs sociaux et économiques dans les stratégies de prévention et de traitement de l’HTA, notamment dans les populations vulnérables.

Des facteurs génétiques ont souvent été postulés pour expliquer la haute prévalence de l’HTA chez les sujets noirs américains. D’un point de vue global, les populations d’origine africaine sont généralement à faible risque compte tenu du développement économique dans la plupart des pays africains et caraïbes. L’étude ICSHIB a documenté les grandes variations de prévalence de l’HTA dans la diaspora africaine. L’index de masse corporelle, un marqueur d’obésité, et un mode de vie industrialisé sont virtuellement linéairement associés à la prévalence de l’HTA dans des communautés diverses de l’Afrique de l’Ouest, des Caraïbes et des USA. Un gradient parallèle d’apport alimentaire riche en sodium et pauvre en potassium existe dans ces populations et pourrait expliquer une partie de la variance. Les facteurs psychosociaux et l’activité physique ne sont pour l’instant pas pris en compte dans ce modèle explicatif. Les variations locales au sein d’un groupe ethnique pourraient refléter des combinaisons variées de l’ensemble de ces facteurs de risque.

Figure 5 : Prévalence de l’hypertension selon l’IMC dans 3 populations de la diaspora africaine (Maywood, banlieue de Washington, USA ; Ste-Lucie, Barbade, Jamaïque = Caraïbes)

Prédiction du Risque d’HTA à l’Échelle Individuelle

Le risque de développer une hypertension peut être prédit par des facteurs cliniques simples tels que l’âge, le sexe, la pression artérielle initiale, l’indice de masse corporelle, les antécédents familiaux d’hypertension et le tabagisme. Ces facteurs de risque sont intégrés dans des scores prédictifs permettant d’identifier les individus à risque et de personnaliser les stratégies de prévention. Ces scores doivent toutefois être validés pour leur application dans des populations diverses, notamment non caucasiennes. Le lien vers un calculateur en ligne, issu de la seconde vague de la cohorte de Framingham (Framingham Heart Study), est disponible sur ce site article 824.

Figure 6 : Probabilité d’hypertension à 4 ans selon la présence ou non de certains facteurs de risque (Les antécédents parentaux d’HTA concernent les 2 parents).

3. Connaissance, traitement et contrôle de l’hypertension

Selon les données NCD-Risc, au niveau mondial, le pourcentage de patients hypertendus recevant un traitement est de 38 % chez les hommes et 47 % chez les femmes, et les taux de contrôle tensionnel (individus traités avec une PA < 140/90 mmHg) sont d’environ 20 % chez les hommes et les femmes, représentant une légère amélioration par rapport aux rapports mondiaux précédents. Cependant, les dernières recommandations de l’ESC 2024 insistent sur l’importance d’abaisser les seuils de pression artérielle pour le contrôle, en particulier chez les patients à haut risque, afin de réduire davantage les complications cardiovasculaires.

Les disparités entre les pays restent frappantes. Le Canada, l’Allemagne, l’Islande, la Corée du Sud et la Pologne ont connu des augmentations des taux de traitement et de contrôle de plus de 30 points de pourcentage, tandis que dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire, les changements ont été minimes. L’écart entre les taux de traitement et de contrôle persiste dans tous les pays, mais les différences sur les taux de contrôle sont importantes entre les pays ; les taux de contrôle les plus élevés sont obtenus en Corée du Sud et au Canada (57 % pour les femmes dans les deux pays), et les taux de contrôle les plus bas, inférieurs à 10 %, en Afrique subsaharienne (par exemple, pour les femmes en Éthiopie [7 %], au Kenya [8 %] et en Tanzanie [8 %], ainsi que dans certaines îles en Océanie et à proximité, comme l’Indonésie [5 %]). Les recommandations actuelles soulignent la nécessité d’adopter des stratégies globales adaptées aux contextes locaux pour améliorer ces taux dans les régions sous-desservies.

Les améliorations les plus importantes ont été observées dans les pays à revenu élevé, en Europe centrale, et dans certains pays à revenu moyen-supérieur et à revenu élevé récent, notamment le Costa Rica, Taïwan, le Kazakhstan, l’Afrique du Sud, le Brésil, le Chili, la Turquie et l’Iran. Les recommandations ESC 2024 encouragent ces pays à partager leurs stratégies réussies pour aider à améliorer les taux de traitement et de contrôle dans d’autres régions.

Figure 7 : Taux de connaissance, traitement et contrôle de l’HTA dans les pays du monde et par régions/revenus Lancet 2019

Figure 8 : Taux de connaissance, traitement et contrôle de l’HTA, par sexe, dans 12 pays à hauts revenus

Importance de la détection précoce et des approches innovantes

Dans le contexte d’une affection totalement asymptomatique (« le tueur silencieux »), la prise de conscience de l’hypertension artérielle commence par une technique de mesure précise et répétée de la pression artérielle, le recours à des critères diagnostiques appropriés et à une communication sans faille sur les résultats et le bénéfice du traitement au sein du système de santé. Les recommandations établies par les Sociétés Savantes et les organismes officiels de santé nationaux ou internationaux ont précisé chacun de ces éléments.

L’ESC 2024 recommande des stratégies de détection élargies, telles que le dépistage opportuniste dans les consultations de routine et les campagnes de dépistage en milieu de travail ou communautaire, avec un lien direct vers le système de soins pour la confirmation et le suivi du diagnostic.

Selon la fréquence avec laquelle le public est en contact avec le système de soins, la meilleure approche pour augmenter la prise de conscience de l’hypertension, est soit d’augmenter la détection et la communication pendant des contacts cliniques de routine, soit à l’occasion de dépistages de masse. Pour être efficace, le dépistage de masse doit être lié effectivement au système de soins dans lequel le diagnostic peut être rapidement confirmé ou infirmé, avec la possibilité d’une mise en route efficace et rapide du traitement, lorsque cela est nécessaire. Les nouvelles recommandations préconisent l’intégration des campagnes de dépistage avec des systèmes de suivi numérique pour assurer une meilleure continuité des soins.

Nouvelles approches pour améliorer le contrôle de l’HTA

Compte tenu de la stagnation des taux de contrôle de l’hypertension dans la plupart des pays, il est nécessaire d’adopter des approches innovantes pour réduire les risques de santé de l’hypertension dans le monde. Une des approches fait appel à la transformation numérique, incluant la télésurveillance, la surveillance de la pression artérielle à domicile, les rappels par SMS pour améliorer l’observance, et d’autres interventions de santé numérique pour encourager les comportements sains. Ces technologies, recommandées par l’ESC 2024, sont particulièrement pertinentes dans les contextes où l’accès aux soins est limité ou irrégulier.

Une autre approche fait appel à des traitements pharmacologiques plus simples, tels que le traitement initial avec une thérapie combinée, comme une pilule unique contenant une quadruple thérapie combinée à dose ultra-faible. Cette stratégie, soutenue par l’ESC 2024, pourrait réduire l’inertie thérapeutique et améliorer l’observance médicamenteuse en simplifiant les schémas thérapeutiques.

3.1 Connaissance, traitement et contrôle de l’hypertension en France

En France, les données concernant les patients hypertendus traités et contrôlés ne sont pas meilleures. Selon les données récentes, environ 60 % des patients hypertendus ne sont pas contrôlés, malgré un traitement antihypertenseur, ce qui reflète des lacunes importantes dans la gestion de l’hypertension [BEH 2023].

Dans l’étude PATRIK, par exemple, 85 % des patients appartenant au quartile de risque cardiovasculaire le plus important ont une PA non contrôlée et la moitié d’entre eux sont en monothérapie. L’insuffisance d’association des thérapeutiques semble être un des principaux facteurs du mauvais contrôle tensionnel, en particulier chez les patients à très haut risque cardiovasculaire comme les diabétiques ou ceux ayant une atteinte des organes cibles. Les nouvelles recommandations ESC 2024 préconisent une approche initiale par bithérapie ou trithérapie à dose fixe chez ces patients à haut risque, afin d’améliorer les taux de contrôle. D’autres études (ESPOIR, PREHSI, PHENOMEN, PHARE) retrouvent des données du même ordre de grandeur.

Dans l’étude IHPAF effectuée sur le lieu de travail, 12,5 % des hommes traités et 33,2 % des femmes traitées avaient une pression artérielle contrôlée. Le mauvais contrôle est associé au niveau socio-professionnel défavorisé, au surpoids, au manque d’activité physique et à la consommation d’alcool. Ces facteurs reflètent un besoin urgent d’interventions ciblées pour les groupes à risque élevé, telles que les programmes de soutien à la perte de poids et la réduction de la consommation d’alcool. Ces résultats soulignent l’importance des interventions ciblées pour les populations vulnérables et l’intégration de mesures socio-économiques dans la stratégie de prise en charge de l’HTA, conformément aux recommandations ESC 2024.

Dans une enquête de l’Assurance Maladie, chez 70 000 sujets hypertendus répartis sur l’ensemble du territoire français, un tiers n’avaient jamais reçu de traitement antihypertenseur, la moitié d’entre eux ayant un risque cardiovasculaire élevé ou très élevé. De même, les patients porteurs d’une HTA sévère pour laquelle ils sont exonérés du ticket modérateur, n’ont pas un meilleur contrôle tensionnel de leur HTA, que celle-ci soit isolée ou associée à d’autres facteurs de risque, le diabète notamment (données Assurance Maladie 2003).

Les données de l’enquête ESTEBAN de 2015 montrent des chiffres similaires sans tendance à l’amélioration. Seulement 1 hypertendu sur 2 (17,3 %) prenait un traitement antihypertenseur. Un hypertendu sur deux s’ignore donc toujours en 2015. Une différence entre les sexes persiste : 62 % des HTA sont traitées chez les femmes contre 54 % chez les hommes. Parmi les sujets avec une hypertension traitée, à peine plus de la moitié (55 %) sont contrôlés (PA < 140/90 mmHg). Ce taux de contrôle était meilleur chez les femmes (60,1 %) que chez les hommes (41,4 %), et il était moins bon chez les patients âgés de 65 à 74 ans (seulement 1 sujet sur 3 prenant un traitement était contrôlé).

Au total, seulement un hypertendu sur quatre (24 %) est contrôlé (PA < 140/90 mmHg).
En 10 ans (2005 à 2015), la situation s’est dégradée chez les femmes, la proportion de femmes hypertendues contrôlées étant passée de 36 % à 29,5 %, se rapprochant de celle des hommes, stable à 19 %.

La comparaison internationale est inquiétante : la proportion d’hypertendus contrôlés est de 37 % au Royaume-Uni, elle est le double de la nôtre en Allemagne (52 %) et aux États-Unis (51 %) (Figure 8). Dans une analyse de l’épidémiologie mondiale de l’HTA regroupant 90 pays, la proportion d’hypertendus contrôlés dans les pays développés était de 28 % contre 8 % dans les pays en développement.

Figure 9 : Connaissance et contrôle de l’HTA en France, par tranches d’âge et par sexe - Enquête ESTEBAN 2015

Figure 10 : Evolution en 10 ans de la connaissance, traitement et contrôle de l’HTA en France - Enquête ESTEBAN 2015

3.2 Comment peut-on expliquer la situation française ?

Les raisons pour lesquelles le contrôle de l’hypertension en France est sous-optimal sont multiples :

  • Diminution du nombre de patients traités : En 5 ans, le nombre de patients traités par des antihypertenseurs a diminué d’un million (11,5 millions en 2014 pour 10,3 millions en 2019). Cette situation concerne également la dyslipidémie, avec 2 millions de moins de patients qui prennent un hypolipémiant (8,4 millions en 2010 pour 6,1 millions en 2019). Cette baisse est en partie attribuée aux préoccupations croissantes et surmédiatisées concernant les effets secondaires des médicaments et à une mauvaise adhérence aux lignes directrices de traitement combiné.

  • Traitements non optimaux : Les hypertendus traités ne sont pas traités de façon optimale. Les combinaisons d’antihypertenseurs permettent d’obtenir une plus grande baisse de la pression artérielle, mais paradoxalement les monothérapies anti-hypertensives prescrites chez 45 % des patients en 2014 ont augmenté à 55 % en 2019, au détriment des bithérapies (enquête FLAHS 2019). L’ESC 2024 recommande fortement l’utilisation de bi- voire trithérapies initiales pour améliorer le contrôle de la pression artérielle.

  • Usage persistant des béta-bloqueurs : L’usage des béta-bloqueurs reste fréquent, représentant la 2ème classe d’antihypertenseur prescrite avec les bloqueurs des canaux calcium (31 %), après les sartans (35 %), mais avant les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (27 %) ou les diurétiques (24 %). Les béta-bloqueurs ont pourtant été rétrogradés dans l’algorithme de prise en charge de l’HTA des recommandations depuis plusieurs années, en raison d’une moindre efficacité sur la prévention des accidents vasculaires cérébraux, en particulier après l’âge de 60 ans.

Explications possibles de cette prise en charge sous-optimale :

  • Retrait de l’ALD pour l’HTA sévère : La décision des autorités sanitaires de ne plus faire de la prise en charge de l’HTA une priorité de santé publique avec le retrait de l’affection de longue durée pour l’HTA sévère (ALD 12) en 2012, contre l’avis de la HAS.

  • Non-remboursement des trithérapies à dose fixe : Le non-remboursement des trithérapies antihypertensives à dose fixe (bloqueur du système rénine-angiotensine + bloqueur des canaux calcium + diurétique thiazidique), la France étant l’un des seuls pays en Europe dans cette situation. Ces trithérapies combinées sont pourtant recommandées par les Sociétés Européennes de Cardiologie et d’HTA.

  • Gestion comptable de l’Assurance maladie : La gestion purement comptable de l’Assurance maladie qui, dans le rapport 2018 de la Caisse nationale de l’Assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), se félicitait d’économiser 442 millions d’euros par an dans la prise en charge du risque cardiovasculaire. L’ESC 2024 insiste sur l’importance d’une gestion intégrée de la santé publique qui prenne en compte non seulement les coûts immédiats, mais aussi les bénéfices à long terme d’une prévention efficace.

  • Formation médicale insuffisante : Une formation initiale insuffisante en faculté de médecine. En France, l’hypertension artérielle n’est enseignée en second cycle que pendant 2 à 5 heures au maximum, alors qu’il s’agit de la pathologie la plus fréquente au monde (ouf ! vous êtes inscrits au DUHTA !).

  • Non-remboursement des appareils d’automesure tensionnelle : Absence de remboursement des appareils d’automesure tensionnelle, qui sont pourtant essentiels pour l’adaptation des traitements antihypertenseurs en temps réel. Paradoxalement, les appareils d’automesure glycémique sont pris en charge chez des patients diabétiques traités par antidiabétiques oraux, sans bénéfice réellement démontré chez ce type de patients puisque l’adaptation thérapeutique est faite sur le taux d’HbA1c.

Figure 11 : Evolution entre 2010 et 2019 du nombre de patients traités pour HTA, diabète, et dyslipidémie (étude FLAHS 2019)

Figure 12 : Evolution entre 2007 et 2019 du pourcentage de traitement antihypertenseur en mono-, bi- ou trithérapie (étude FLAHS 2019)

4. Agrégation des facteurs de risques

L’hypertension artérielle survient rarement isolément et tend à s’agréger avec d’autres facteurs de risque athérogènes, ce qui influence fortement son impact clinique. L’hypertension semble métaboliquement associée à la dyslipidémie, à l’intolérance au glucose, à l’obésité abdominale, à l’hyperinsulinisme et à l’hyperuricémie.

L’agrégation de ces facteurs de risque et de l’hypertension a été évaluée dans l’étude de Framingham, et l’hypertension isolée n’a été retrouvée que dans moins de 25 % des cas. L’agrégation de l’hypertension avec 2 ou 3 facteurs de risque principaux a été notée dans 50 % des cas, soit deux fois plus souvent que ne le voudrait le seul hasard. Ces données soulignent l’importance de la gestion simultanée de ces facteurs de risque pour prévenir les complications graves comme les infarctus du myocarde et les AVC. Les recommandations de l’ESC 2024 insistent sur l’importance d’une approche globale dans la prise en charge des patients hypertendus, tenant compte de l’ensemble des facteurs de risque associés afin de réduire le risque cardiovasculaire global.

Tableau 1 : Nombre de facteurs de risque associés à l’hypertension dans l’étude de Framingham chez les hommes âgés de 18 à 65 ans.

Nombre de FR  % avec FR Rapport observé/attendu
0 24.4 0.74
1 29.1 0.71
2+ 46.5 1.8

Environ 63 % des cas d’insuffisance coronaire de Framingham sont survenus chez des hommes hypertendus ayant 2 ou plus facteurs de risque supplémentaires. Ainsi, l’hypertension artérielle ne doit jamais être évaluée isolément et il faut prendre en compte l’ensemble des facteurs de risque athérogènes. Le risque d’événements coronaires chez les sujets hypertendus de Framingham augmentait avec le niveau d’agrégation des facteurs de risque. On peut ainsi estimer que la suppression des agrégats de 2 ou 3 facteurs de risque chez les sujets hypertendus permettrait de réduire le risque coronarien de 39 % chez les hommes et 68 % chez les femmes. L’ESC 2024 préconise d’orienter le traitement antihypertenseur en fonction du risque cardiovasculaire global et non seulement des niveaux de pression artérielle.

La même agrégation de facteurs de risque athérogènes qui accompagnent l’hypertension influence aussi le développement des accidents vasculaires cérébraux, de l’artériopathie oblitérante périphérique, et de l’insuffisance cardiaque. La fibrillation atriale, l’insuffisance cardiaque, l’hypertrophie ventriculaire gauche jouent également un rôle important dans le risque d’AVC.

Causes de l’agrégation des facteurs de risque

Les causes postulées de l’agrégation métabolique de l’hypertension artérielle avec la dyslipidémie, l’intolérance au glucose, l’hyperinsulinémie, l’obésité, l’hypertrophie ventriculaire gauche et l’hyperuricémie sont principalement la résistance à l’insuline et l’hyperactivité sympathique. L’obésité abdominale tend à promouvoir ce syndrome chez les sujets hypertendus.

Dans l’étude Framingham, la tendance de ces traits athérogènes à s’agréger avec l’hypertension augmentait proportionnellement avec le degré d’obésité et la prise de poids au cours du suivi. Chez les sujets hypertendus, une prise de poids de 2,27 kg augmentait de 30 % le risque d’agrégation de facteurs de risque athérogènes. Les directives ESC 2024 insistent sur l’importance de la gestion du poids, de l’alimentation et de l’activité physique comme interventions clés dans le traitement de l’hypertension et des facteurs de risque associés.

Tableau 2 : Agrégation des facteurs de risque avec l’élévation tensionnelle en fonction de l’indice de masse corporelle (étude Framingham, hommes âgés de 18 à 74 ans).

Indice Masse Corporelle Nombre moyen de facteurs de risque
< 23.7 1.68 ± 0.91
23.7-25.5 1.85 ± 0.95
25.6-27.2 2.06 ± 1.05
27.3-29.5 2.28 ± 1.09
> 29.5 2.35 ± 1.08

Figure 13 : Facteurs de risques associés à l’hypertension artérielle en France - Enquête ESTEBAN 2015

Conclusions

L’épidémiologie de l’hypertension artérielle dans le monde suit une progression inquiétante, favorisée par les nouveaux modes de vie et les dérives alimentaires. Ces mêmes facteurs qui favorisent la survenue d’une hypertension artérielle amplifient le risque cardiovasculaire et expliquent pourquoi la prise en charge doit être globale et s’adresser à l’ensemble des facteurs de risque. Les directives ESC 2024 recommandent une approche intégrée et multifactorielle pour la gestion des patients hypertendus, incluant une attention particulière à la réduction des autres facteurs de risque modifiables tels que l’obésité, la dyslipidémie et le diabète, pour une réduction optimale du risque cardiovasculaire.

Cette approche basée sur le risque est discutée dans le cours connexe 01b - Comment réduire les risques liés à l’HTA : l’approche de santé publique .

 
 

Références

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